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vendredi 26 septembre 2014

LES POLARS MARSEILLAIS DE MAURICE GOUIRAN



Je ne suis pas spécialement un amateur de polars, mais j'avoue que quand ils sont ancrés dans une réalité historique, là çà me plait! Et à ce titre, pour moi, la trilogie Underworld USA de James Ellroy est Le sommet du genre.

A un niveau plus local, j'ai découvert depuis quelques années une perle incluse dans le genre "polar marseillais"... Je ne parle pas là des romans de Jean-Claude Izzo, dont tout le monde a au moins entendu parlé, mais de ceux, plus méconnus, de Maurice Gouiran.
Certains ont pour personnage principal Clovis Narigou, un gars cool vivant dans les collines de derrière l'Estaque.
Les quatre romans de cet auteur que j'ai lu m'ont accroché, voire parfois scotché. Il s'agit de :

Sous les pavés la rage, qui fait se télescoper dans un village des Bouches-du-Rhône les événements de mai '68 avec les cicatrices de "l'épuration" de 1945... cette charmante époque où les femmes soupçonnées d'avoir forniqué avec l'ennemi furent tondues comme des brebis galeuses par des pseudo-résistants d'après la bataille...

Marseille, la ville où est mort Kennedy, reprend la théorie selon laquelle JFK aurait été assassiné par la mafia marseillaise. Celle-ci était alors au faîte de sa puissance, grâce notamment à la French Connection, qui permit par ailleurs à la France de combler son déficit commercial d'avec les Etats-Unis...
Curieusement, pour Ellroy, l'un des tueurs du président américain est un corse...

Franco est mort jeudi, dans lequel Manu, loser marseillais typique et descendant de réfugiés républicains, retourne sur les terres de ses ancêtres espagnols lors de la découverte de charniers datant de la guerre civile. Mais le passé franquiste est toujours présent dans les esprits... Accessoirement, on apprend que Staline Joseph, qui soutint pourtant militairement les Républicains, en envoya quantité aux oubliettes dans un goulag d'Asie centrale répondant à l'exotique nom de Karaganda quand la guerre fut perdue, de peur que leurs idées progressistes ne déteignent dans son URSS chérie...

L'arménienne aux yeux d'or, enfin, où le descendant marseillais d'un rescapé du génocide arménien perpétré en 1915 par la Turquie se retrouve poursuivi par la mafia turque, justement, qui compte bien récupérer un précieux poignard volé par son aïeul dans le palais de Topkapi, à Istanbul, le jour où cet enfer débuta...
En parallèle de ces tribulations, nous découvrons un autre trésor, bien plus précieux encore : le témoignage écrit par son ancêtre, relatant au jour le jour sa fuite du pays de l'horreur...

Par le biais de fictions mettant en scène les descendants des vagues d'immigrés qui ont fait Marseille, Maurice Gouiran, dont je me garde sous le coude d'autres romans, réveille les brûlures de l'Histoire d'un vingtième siècle qui fut peu avare en la matière...
Ceci dit, mais c'est une autre histoire, il faut bien reconnaître que le vingt-et-unième débute sur des bases élevées...